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L'affaire Crypto AG

 

La politique est l'art d'empêcher les citoyens de se mêler de ce qui les regarde (Paul Valéry)

 

Le secret le mieux gardé du renseignement suisse est enfin dévoilé. Durant 25 ans, La NSA (USA: Naional Security Agency) et le BND (renseignements allemands)  ont espionné  le monde via la société Crypto AG avec la complicité du Service de renseignement suisse. Le Conseil Fédéral et toutes les autorités de contrôle ont été maintenues dans l'ignorance (selon le rapport parlementaire) 24 Heures 7-8 novembre 2020

 

Berne (awp/ats):

 

Le Conseil fédéral rejette la critique selon laquelle il n'aurait pas reconnu la dimension politique de l'affaire Crypto. Si le contrôle a pu être contourné, c'est parce que les faits ont duré des années et qu'ils ont été gardés secrets par un cercle très restreint. Le Conseil fédéral a rendu publiques ses conclusions au rapport de la Délégation des commissions de gestion du Parlement remis en novembre 2020. Celle-ci avait émis douze recommandations afin de tirer les leçons de cette affaire. Vendredi, le Conseil fédéral se défend de n'avoir pas reconnu la dimension politique des faits devenus publics. "Les informations rapides du Département de la Défense (DDPS) à l'attention du Conseil fédéral et le traitement approfondi de l'affaire démontrent que le gouvernement a pris la situation au sérieux et s'est efforcé de la clarifier", indique le DDPS dans son communiqué.

 

 

Informations insuffisantes

 

Le gouvernement reconnaît par contre "qu'il est problématique que ni l'actuelle ministre de la défense Viola Amherd ni aucun de ses prédécesseurs n'aient été informés de l'opération avant 2019". Le problème ne réside pas, selon lui, dans un manque des instruments de contrôle au niveau du DDPS. C'est plutôt lié au fait que des collaborateurs du Service de renseignement stratégique (SRS) et plus tard du Service de renseignement de la Confédération (SRC) ont voulu "tenir l'opération secrète et la soustraire au contrôle politique", indique le rapport. L'affaire s'étendant sur des années, ses "conséquences possibles n'étaient pas faciles à appréhender".

 

 

Plus de 100 Etats espionnés

 

L'affaire a été révélée en février 2020. La CIA et les services de renseignement allemands (BND) auraient intercepté, durant des dizaines d'années, des milliers de documents via les appareils de chiffrement de l'entreprise Crypto. Grâce à des appareils truqués, la CIA et le BND ont écouté les conversations de plus de 100 Etats étrangers. Les deux services de renseignement ont acheté l'entreprise zougoise à parts égales en 1970, en passant par une fondation du Liechtenstein. Le BND a quitté l'opération en 1993. Mais les Etats-Unis ont prolongé les écoutes jusqu'en 2018 au moins, selon des recherches conjointes de la télévision alémanique SRF, de sa consoeur allemande ZDF, ainsi que du Washington Post. L'enquête parlementaire a montré que le renseignement suisse savait depuis 1993 que des services de renseignement étrangers se cachaient derrière Crypto. Il a collaboré avec eux pour collecter des informations sur l'étranger. Problème: les chefs successifs du DDPS n'ont pas été informés. Le rapport pointait donc des lacunes dans la gestion et la surveillance du renseignement et concluait à une coresponsabilité.

 

 

Deux recommandations rejetées

 

Sur les douze recommandations émises, le Conseil fédéral indique en retenir dix. Sur deux, il n'est pas d'accord. Il ne veut en particulier pas se doter d'instruments permettant de se procurer de manière autonome les informations dont il a besoin si une affaire liée au renseignement survient. Il juge que les bases légales règlent suffisamment les échanges d'informations entre le SRC et le DDPS. Il rejette aussi la demande de la Délégation des commissions de gestion d'être préalablement consultée au sujet de plaintes pénales de la Confédération portant sur des affaires ou des personnes qui font l'objet d'une enquête menée par elle. Cela se réfère à une plainte du Secrétariat d'Etat à l'Economie contre inconnu pour d'éventuelles infractions à la loi sur les exportations. Pour le Conseil fédéral, cette demande est juridiquement et matériellement problématique.

 

ats/rp

 

L'asile politique pour Julian Assenge
contre l'affaire Crypto AG

Le grand Charles De Gaulle, excédé par des questions qui ne lui plaisaient pas, avait déclaré un jour à des journalistes: Un pays n'a pas de sentiments, il a des intérêts.

 

Cette phrase est d'une actualité brûlante aujourd'hui, à l'heure de la remise en question de notre monde face au péril climatique. Il y a quelques décennies, on pouvait encore "glisser sous le tapis" des produits devenus indésirables, comme par exemple des résidus chimiques dangereux (décharge de Bonfol),  sites pollués du Valais ou des munitions (Lac Léman entre autres, Mitholz). La Terre semblait sans limites et on pensait que la nature éliminerait ces déchets avec le temps. L'augmentation exponentielle de la population a détruit cette illusion. Pour nous conserver un environnement vivable, il nous faut absolument changer nos habitudes de vie, en commençant déjà par l'arrêt de la croissance à tous prix. Car, à titre d'exemple, à quoi sert d'avoir une voiture capable de faire du 200 km/h si on ne peut pas dépasser les 20 km/h aux heures de pointe? 

 

Nous l'avons vu aux dernières élections, les jeunes, mais aussi une partie des moins jeunes, ont pris conscience du danger et sont décidés à infléchir la politique de leurs élus. Mais ce n'est pas tout. Cette poussée d'écologisme s'accompagne d'un nouveau sentiment de justice et d'équité. Eux en sont maintenant à penser: "Non Monsieur De Gaulle, un pays n'a pas que des intérêts, il a aussi des sentiments et le sens de l'honneur. C'est ce que nous voulons que nos élus prennent en compte maintenant !".

 

En fin de compte, l'affaire Crypto est l'archétype de ce qui se passe dans plus ou moins tous les pays démocratiques du monde. On fait ou laisse faire des actions inavouables, comme espionner des pays amis (La CIA le fait avec tout le monde, amis comme ennemis), comme espionner sa propre population (Les Israéliens le font pour la CIA car c'est anticonstitutionnel aux USA, la Suisse le faisait aussi avec l'affaire des fiches). Il y a même des pays qui s'autorisent à pulvériser leurs adversaires à l'aide de drones (USA en Iran, Irak et  Afghanistan. Israël en Palestine). Ou de liquider physiquement des gêneurs, comme par exemple, le fils de Boris Hagelin ("accident" de voiture), qui voulait moraliser Crypto AG.

 

On l'a bien vu avec les documents divulgués par Wikileaks, ces délits se font sous couvert d'un secret défense bien commode. A partir d'un certain degré de puissance les hommes au pouvoir se croient intouchables et dépassent les bornes de la décence. Il ne faut pas être ingénu,  il est certain que toutes les vérités ne peuvent pas être dites à la population, pour ne pas l'affoler par exemple. "Tout va très bien Madame la Marquise" en espérant que les chose se tassent. Mais quelle est la limite de ce qu'on dit et ne dit pas, et, en fin de compte, de ce qu'on fait ou ne fait pas?

 

Un gouvernement a-t-il le droit de mentir à sa population et au monde (ou tout simplement de se tromper) pour justifier une guerre? A-t-il le droit d'éliminer ses ennemis en les assassinant sans jugement (6 millions dans les camp de concentrations nazis, 2 millions dans les goulags russes)? A-t-il le droit de pulvériser des journalistes à coup de drone en les confondant avec des terroristes (voir ici)? A-t-il le droit d'assassiner un haut militaire dans un pays ennemi sous couvert de terrorisme? En fin de compte qui sont les terroristes (ceux qui terrorisent)? Ce qui pose une autre question: avec des "amis" de cette sorte, a-t-on encore besoin d'ennemis?

 

La morale publique peut probablement supporter de petites entorses tant qu'elles restent dans les limites de la décence et que cela ne se sait pas trop. Aux USA par exemple, le budget de la NSA (National Security Agency) n'est pas soumis aux décisions des autorités élues et reste un secret défense. En Suisse, qui se rappelle de la P26, organisation secrète pourtant financée par de l'argent public? En fin de compte, qui contrôle ce que fait le Service de Renseignement de la Confédération? Une commission  parlementaire est censée le faire mais jusqu'où peut-elle investiguer si on lui répond "secret défense"?

 

On voit bien que  la seule façon de limiter les actions amorales des puissants c'est qu'il aient peur que le public les apprenne. Et qui peut faire cela? La presse, à condition que ses journalistes et leurs sources puissent faire leur travail en toute légalité. Ce qui veut dire leur accorder une impunité légale et un "secret défense" sur leurs sources. Car ces gens ont du courage de faire ce genre de travail, ils risquent leurs postes de travail et même quelquefois leurs vies. Regardez Julian Assange qui croupit depuis 10 ans dans une chambre de quelques mètres carrés à Londres et qui risque de se faire remettre aux mains de ses pires ennemis (qui prendront tous les prétextes pour le condamner au maximum).  

 

Si vous avez des connaissances suffisamment ingénues pour en douter (cela arrive, j'avais moi-même une tante qui disait, toute gentille qu'elle était, qu'il n'y avait pas de pauvres en Suisse), conseillez leur d'aller voir le dernier film de Clint Eastwood "Le cas Richard Jewell", basé sur une histoire vraie. On y voit un gentil type plein de bonne volonté  Richard Jewell, qui rêve de devenir agent de la force publique. Il se fait enrôler dans la sécurité des Jeux Olympiques de 1996 à Atlanta et découvre un sac à dos bourré d'explosifs. Grâce à lui les dégâts de l'explosion ont été  limités mais il fut accusé ensuite d'avoir posé la bombe à cause du chef enquêteur qui ne voulait pas admettre s'être trompé. Cet acharnement ressemble furieusement à celui que connaît actuellement Julian Assenge. Ecoutez ce qu'en dit l'ancienne juge Eva Joly dans la vidéo de Mediapart (avancez la vidéo à 2 heures 39), vous aurez tout compris!

 

Pour conclure, force est de constater que l'amoralité des gens de pouvoir dépasse tout entendement et qu'ils n'ont quasiment plus de limites. Une des façons de moraliser la politique (et donc la rendre moins dangereuse pour la paix sociale) serait de révéler les actions malfaisantes de ceux qui en font.

 

Pour cela il faut que la Loi protège les journalistes et les lanceurs d'alerte de la vindicte de ceux qu'ils dénoncent. Il faut très rapidement modifier nos lois en ce sens car la Presse perd de plus en plus son indépendance, les médias étant rachetés les uns après les autres par des capitalistes purs et durs dont le but n'est pas de faire de l'information mais de manipuler l'opinion publique afin de faire de l'argent.

 

Il est clair que nos gouvernants ont fauté dans l'affaire Crypto. Ils ont fermé les yeux et laissé faire et, contre toute logique, ont nié avoir su (ça ne vous rappelle pas ce qui s'est passé en 39-45?). On ne va pas refaire l'histoire mais au moins pouvons-nous faire quelque chose pour que la confiance renaisse dans la population. Ce sera un début mais il sera bienvenu et applaudi par tous les gens de bonne volonté de ce pays.

 

 

Lettre ouverte au Conseil Fédéral

Mesdames et Messieurs du Conseil Fédéral:

 

La Suisse, pays des droits humains, doit accorder l'asile politique et la nationalité suisse à Julian Assange

 

En prenant cette décision, vous ferez preuve de courage et rassemblerez derrière vous l'ensemble des honnêtes gens de ce pays. On ne peut effacer les erreurs du passé (l'affaire Crypto AG), mais on peut tenter de laver son honneur et vous l'aurez fait face au monde entier!

 

Vous montrerez à nos amis américains que la Suisse est un pays qui ne peut évidemment pas rivaliser avec le pays le plus puissant du monde, mais qui entend conserver son indépendance et sa neutralité, son meilleur moyen de  défense, supérieur à n'importe-quelle arme. De bonnes relations, bénéfiques pour toutes les parties, ne peuvent exister que dans le respect réciproque. La Suisse et les USA sont des pays amis  qui oeuvrent chacun à leur façon à la paix du monde. La décision ci-après serait en mesure de liquider honorablement et pour solde de tous comptes la malheureuse affaire Crypto:

 

Le peuple suisse demande à son Conseil Fédéral d'accorder l'asile politique à Julian Assange, et demande aux USA de ne pas s'y opposer.